Les réseaux technologiques naissent d’innovations. La loi de Metcalfe prédit ainsi que l’utilité d’un réseau croît avec le nombre d’utilisateurs. Toutes les innovations permettant de transporter un objet (matériel, informations, …) suivent cette loi. Ainsi la même règle (au facteur près) s’applique aux voitures (plus il y a de voitures, plus il y a d’infrastructures, et plus il y a d’infrastructure plus il y a de voiture), aux transports publics (plus il y a de passagers, plus il y a de bus, et plus il y a de bus, plus il y a de passagers), à internet (plus il y a de flux, plus les infrastructures augmentent, et plus il y a d’infrastructures, plus les flux augmentent), et aux réseaux sociaux comme facebook, twitter, … (plus il y a d’information sur les réseaux, plus il y a d’usagers, et plus il y a d’usagers, plus il y a d’informations).
De cette loi, nous pouvons prédire deux sources de gains:
- L’utilisateur, ayant une utilisation constante, verra l’utilité du réseau augmenter (performances accrues), grâce aux autres utilisateurs qui l’empruntent,
- L’entreprise vera le cout marginal baisser (effet volume, par rapport aux couts fixes et investissements)
D’un point de vue de l’entreprise, celle qui propose une innovation, peut ainsi revendiquer être une source d’externalité positive, si sa technologie se démocratise. Ceci suit un cycle de vie (en cloche), jusqu’à ce qu’une nouvelle technologie se substitue à la précédente. Cette externalité est complexe à évaluer:
- quelle est la part de responsabilité de l’entreprise dans l’innovation et le talent individuel d’un individu ?
- quel rôle joue la société dans l’innovation technologique et leur diffusion ?
- quelle est la quote part de l’effet de réseau d’internet dans le développement et donc les externalités de réseaux de Facebook ?
L’évaluation des gains sociaux pour les réseaux technologiques ne doit pas se limiter à l’évaluation d’un simple gain social. Prenons l’exemple d’une recherche Google.
Si l’on considère dans un premier temps, le gain social d’une recherche Google sans considérer la chaîne de valeur. Celui-ci correspond au temps de recherche dans une bibliothèque, sur une thématique donnée.
Petit calcul totalement arbitraire: fixons le temps à 1 heure de recherche avec déplacement en librairie, recherches des coupures, …, versus un résultat immédiat pour Google. Alors nous pouvons estimer le gain social (brut) a 6€ (l’heure prise comme moyenne mondiale). Google revendique en 2020, 2550 milliards de recherches par an… soit un gain social de 15 000 milliard de dollars par an, a peut pret 17% du Produit Mondial Brut.
Nous avons un souci. Effectivement le gain de la recherche arrive en bout de chaîne, et bénéficie d’un effet de réseaux reposant sur la mise en ligne de contenus, sur un réseau internet, des accès depuis les mobiles, …
De plus attribuer 100% du gain social à google est un raisonnement rapide: que serait google sans les millions de contributeurs, gratuits ou payants, que serait google sans l’utilisation des tag de recherches, …
Si nous intégrons une quote part (en prenant les investissements de google) versus l’ensemble des investissements sociaux qui ont permis de contribuer à l’internet, alors l’on tombe dans l’excès inverse: l’on se retrouve avec une quote part ridicule au regards de l’ensemble de contributions, pas seulement action de mettre sur internet, mais l’ensemble des productions de Babylone à nos jours. En effet, la transcription du théorème de Pythagore sur une page wikipedia, référencée sur Google, doit intégrer la contribution du scribe (le rédacteur Wikipedia), mais aussi celle de Pythagore, et de tous les intermédiaires qui ont permis la transmission de cette connaissance.
Nous avons exploré les deux extrêmes. Dès lors, comment intégrer la contribution sociale de Google. La seule possibilité est d’intégrer les frais de recherche et développement qui ont permis l’élaboration du modèle de recherche, et donc de créer une exception pour les innovations reposant sur un effet de réseau. De considérer que le coût de cette recherche est l’effort nécessaire pour obtenir un moteur de recherche dans l’environnement actuel.
Ceci n’est pas complètement incohérent car sans les moteurs de recherche, internet ne serait qu’un vaste foutoire, dans lequel les utilisateurs se seraient vite fatigués, et n’auraient pas autant contribué. Google s’est créé un monopole (par ailleurs source d’externalité négative dans le domaine économique), mais ceci a permis un effet de réseau, et un bénéfice social. Il faut simplifier, au risque de ne rien remonter.
L’effet de réseau comme source d’externalité est limité à quelques acteurs. Il doit faire l’objet d’une codification, et d’une norme spécifique pour en extraire le coût social.